À la recherche du "Guignol" disparu : Souvenirs d’un ancien Pipin
Par Daniel BOURGAULT
Mon retour à l’EPA et les premières rencontres
En tant qu’ancien Pipin, entré en 4eme en 1955, j’ai quitté l’EPA en terminal en 1961 j’ai eu l’opportunité de revenir à l’École des Pupilles de l’Air (EPA) afin d’y terminer mon service militaire. Mon parcours m’a d’abord conduit à la Base de Cognac, où j’ai été accueilli par l’adjudant-chef Richeton, dont le fils était lui-même élève à l’EPA. Grâce à ses indications, j’ai pu retrouver le Commandant De Boudard, qui m’a ensuite présenté au Colonel Lepeu, commandant la Base avant d’être nommé à la tête de l’École. Cette suite de rencontres a pu tenir de la coïncidence, mais elle a marqué le début de mon expérience à l’EPA.

Mes fonctions et interventions à l’École
Dans un premier temps, j’ai occupé la fonction de surveillant - que l’on appelait alors "borne" - puis j’ai rejoint les "Activités Culturelles". Étant architecte d’intérieur, la direction de l’École a fait appel à mes compétences pour mener des travaux d’aménagement et de décoration. J’ai ainsi participé à la transformation du gymnase en salle de théâtre, à la réalisation d’une fresque dans le nouveau gymnase sur le petit stade, à la création d’un salon de bridge et d’une salle de télévision au mess des officiers.
Le changement d’uniforme et la création du panneau "Compare"
C’est en 1965 que l’uniforme des élèves a évolué, troquant le vénérable pantalon golf pour un pantalon droit plus moderne. Au Poste de Police, tous les passages d’entrée et de sortie étaient contrôlés, et l’on pouvait y voir, accroché au mur face au bureau du Surveillant Général, un double encadrement. À droite figurait un Pipin en uniforme complet avec la mention "Regarde", et à gauche un miroir accompagné de la mention "Compare". Ce Pipin avait été peint par Monsieur Yvan Escribe, professeur de dessin et artiste-peintre reconnu de la région, qui s’était inspiré d’un camarade de classe, Alain Le Corfec.
La direction m’a ensuite confié la réalisation d’une nouvelle version de ce panneau, en l’actualisant. Ce fut pour moi une reconnaissance de la filiation Maître-Élève, car M. Escribe est l’enseignant qui a contribué à ma décision de m’orienter vers une carrière artistique. Pour mon modèle, j’ai choisi Alain Pilot, élève de Seconde, et j’ai conservé le cliché qui m’a servi de référence dans mon "petit musée" personnel.
La disparition du panneau et l’espoir de le retrouver
Lors du déménagement de l’École vers son site actuel, le panneau a disparu. J’ignore où il a pu aboutir : peut-être est-il aujourd’hui dans la collection d’un amateur d’art militaire, ou bien a-t-il été conservé par quelqu’un de proche de l’École. Mon souhait serait qu’il retrouve sa place au musée de l’École, exposé sur ses deux faces, réunissant ainsi pour la postérité le Maître et l’Élève. Je remercie d’avance toute personne qui pourrait m’apporter des informations à ce sujet.
La création des coiffes et costumes des "Grognards"
Durant cette période, j’ai également eu le plaisir de participer à la conception des coiffes et des costumes des célèbres "Grognards" de l’Empereur. Un détail marquant fut l’élaboration des plaques de ces coiffes : le service des Ordinaires fournissait des boîtes de conserve, dans lesquelles étaient découpées les plaques. Chacune d’elles était ensuite peinte par mes soins et sertie dans les ateliers de l’époque. Si l’École possède toujours ces coiffes, je détiens pour ma part le modèle original des plaques.
De la même façon, les mouettes peintes en blanc sur les ceintures des tambours sont de ma main. Je conserve d’ailleurs une série de photos en noir et blanc et en couleur prises lors d’un déplacement à Laffrey. La prestation des "Grognards" a débuté lors du 150e anniversaire du retour de l’Empereur de l’Île d’Elbe, leur premier gala ayant eu lieu en présence de leurs Altesses Impériales, descendants de Napoléon Ier, lors de la présentation du film "Lindberg" dans un cinéma de la rue Saint-Jacques à Grenoble, en 1965. Je me souviens de certains élèves titulaires, comme, Garry, les frères Cognet, dont j’étais le surveillant de classe cette année-là.
Un service militaire hors du commun
Comment qualifier un service militaire vécu dans ces conditions ? Commencer à Cognac, y retrouver d’anciens officiers de l’EPA, puis revenir à Grenoble avec le même Colonel, en l’occurrence Guy Lepeu, a forgé une expérience marquante et singulière dans mon parcours.
Daniel BOURGAULT
